23.

Périr pour l’amour d’une bête

La matinée était interminable pour Matt.

Assis au fond de son trou, il attendait le retour de ses amis en se persuadant qu’il ne pouvait rien leur arriver de grave. Personne ne les connaissait, leurs têtes n’étaient pas mises à prix comme c’était le cas pour la sienne, et donc il n’y avait aucune raison d’envisager le pire.

Si vraiment quelques Cyniks tiquaient sur leur jeune âge, ils pourraient se faire passer pour des traîtres Pans venus grossir les rangs de l’armée de Malronce.

Oui, plus il y réfléchissait, et plus Matt se rassurait. Ils ne couraient pas de risque majeur.

Mais tout de même ! Le soleil était presque à son zénith, il était midi et toujours aucune nouvelle…

De temps à autre, il remontait la pente pour aller espionner la piste qui conduisait à l’entrée de la cité. Il y avait plus de circulation qu’il ne l’avait imaginé, beaucoup de gens partaient en forêt chasser, parfois en groupes entiers armés d’arcs, d’autres revenaient avec de lourds fagots ficelés sur le dos des ânes, d’autres encore rapportaient des bambous. Et au milieu de ces allées et venues : ni Ambre ni Tobias.

Il est encore tôt, se répétait-il en boucle. Ils m’ont donné jusqu’à ce soir. J’ai promis de ne rien faire en attendant. Patience…

Il n’y tenait plus. C’était insupportable de ne pas savoir comment ils allaient, s’ils n’étaient pas en danger, s’ils n’avaient pas besoin de lui à cet instant précis !

Il jeta un regard vers la porte. Deux gardes en poste. Et deux autres un peu plus loin. Une chance qu’il n’y ait aucun vigile au sommet des remparts ! Pouvait-il escalader ces murs ?

Il n’y a pas de prises, et je suis nul en escalade !

Il songea à faire le tour de la cité, inspecter les différents points de passage et peut-être envisager de s’introduire par le fleuve qui coupait la cité en deux… Tout cela était idiot, il risquait de se faire prendre ou du moins d’attirer l’attention et de ne pas être au point de rendez-vous si ses deux compagnons rentraient d’ici là ! C’était complètement idiot même et il avait promis de ne rien faire de tel en leur absence.

Matt se morfondait. Il prit une lamelle de viande séchée pour tuer le temps et mâchouilla.

Un énorme dirigeable était arrivé plus tôt dans la matinée, ça c’était un sacré spectacle, bien qu’il n’ait duré que quelques minutes. Matt l’avait suivi du regard avant d’aller grimper dans un arbre pour le voir s’arrimer à la plus haute tour de la ville, celle avec des quais suspendus.

Et plus rien d’intéressant depuis.

Tout en terminant sa viande, il pensa aux rêves qu’il ne faisait plus, ou plutôt aux cauchemars ! Le Raupéroden… La Forêt Aveugle avait certainement mis un sacré coup d’arrêt à sa traque ! Matt s’interrogea sur sa mortalité… Le Raupéroden pouvait-il avoir été tué par l’une des nombreuses créatures de la forêt ? En tout cas si c’était possible, alors il fallait croiser les doigts pour que ce soit arrivé…

Ses pensées voguèrent vers l’île Carmichael qu’ils avaient quittée depuis un mois déjà. Cela lui semblait peu et en même temps il avait vécu tant de choses depuis. Que devenaient les frères Doug et Regie ?

Puis le visage de ses parents apparut. Sa poitrine se serra. Au fil des mois, il avait appris à ne plus y penser, à se protéger contre la peine. Au fond de lui, il savait qu’il ne les reverrait jamais plus. Comme des millions de gens, ils avaient été désintégrés par la Tempête.

Il ne demeurait qu’une poignée de rescapés, des adultes cruels et barbares et des enfants abandonnés.

Matt chassa ces idées tristes d’une gorgée d’eau fraîche.

Il s’allongea sur la terre, sur ses affaires, et croisa les mains sous sa nuque pour contempler le ciel. Ses paupières se firent plus lourdes, jusqu’à se clore.

Il rêva de Plume, bien qu’aucune image précise ne lui revînt en mémoire quand il se réveilla, sinon le cri distant de ses jappements malheureux.

Matt se dégourdit les jambes en faisant quelques pas et soudain tout son corps se raidit.

Il entendait bien des jappements de chien au loin. Ce n’était pas un rêve.

Matt alla s’allonger au sommet du trou et scruta l’horizon.

Une caravane approchait, bien plus modeste que celle qu’ils avaient suivie, seulement deux chariots et une dizaine de gardes en tout. Les charrettes transportaient des cages remplies d’animaux. Les jappements du chien provenaient de l’une d’elles.

Le convoi passa sous les yeux de Matt et il fallut qu’il enfonce ses doigts dans la terre pour se retenir de foncer lorsqu’il aperçut une très grande cage avec un chien gigantesque à l’intérieur.

Plume !

Comment était-ce possible ? Dans un monde aussi vaste, qu’elle se retrouve juste ici, sous ses yeux, était inouï.

Si c’est possible ! tenta de se convaincre Matt. Elle a continué la traversée seule, dans la même direction jusqu’au sud ! Peut-être a-t-elle flairé ma trace jusque-là ! Ou bien une patrouille Cynik l’a faite prisonnière pour la ramener ici, leur cité la plus au nord !

La chienne pleurait.

C’est elle ! Aucun doute ! C’est bien elle ! Elle a survécu à la Forêt Aveugle ! Elle est vivante !

Matt n’en pouvait plus. Il exultait.

Un des gardes, lassé par les couinements de l’animal, prit un bâton et alla cogner contre les barreaux :

— La ferme ! hurla-t-il.

Matt le fixa, furieux.

Encore cinquante mètres et le premier chariot serait en vue pour les gardes de la ville. Qu’allait-il advenir de Plume ? En feraient-ils un animal de trait ? Une bête de foire ? Pouvaient-ils aller jusqu’à la… manger ?

Matt refusait l’idée de la perdre une seconde fois. La retrouver maintenant était inespéré, il savait qu’il n’aurait pas une deuxième chance. Il fallait agir.

Treize gardes tout de même, compta-t-il.

Avec l’effet de surprise c’est possible.

Matt sangla son gilet de Kevlar au plus près de son corps, attrapa son épée et se faufila entre les fougères et les arbres.

— Mais tu vas te taire ! s’écria le garde en enfonçant son bâton dans les flancs de la chienne qui émit un gémissement de douleur.

C’en était trop pour Matt. Ses phalanges blanchirent sur la poignée de l’épée et il fendit les derniers branchages en surgissant face au soldat.

Ce dernier vit un éclair d’argent dans le ciel puis la douleur fut sienne. Un flot bouillonnant de couleur rouge l’aveugla et il s’effondra en criant sa souffrance.

Matt ne laissa aucune chance au guerrier Cynik suivant, il lui sectionna le bras d’un moulinet du poignet et prépara sa garde pour enchaîner. Les Cyniks ne comprenaient pas encore ce qui leur arrivait, Matt sauta sur le chariot pour frapper de toutes ses forces la cage qui vola en éclats. Plume releva la truffe et ses yeux s’agrandirent quand elle reconnut Matt.

Mais deux Cyniks montaient à bord, armés d’une hache et d’une masse.

Matt fit volte-face en brandissant sa lame que les deux hommes voulurent parer de leurs armes lourdes.

Jamais ils n’auraient pu deviner qu’un adolescent puisse développer une force pareille.

Ils décollèrent du chariot sous la puissance du coup et roulèrent au sol tandis que la masse du second vint écraser le visage du premier en retombant.

Matt avait déjà bondi sur la terre ferme pour affronter un nouveau soldat qu’il terrassa en deux coups d’épée. Sa force prodigieuse lui permit d’en désarmer un autre, et ceux qui assistaient au spectacle commencèrent à comprendre que quelque chose d’anormal se produisait avec ce garçon. Ils se regroupèrent pour avancer sur lui, arme au poing.

Matt attrapa la hache devant lui et la lança sur le premier avec une telle puissance que sa cible n’eut pas le temps de l’esquiver et prit le manche en pleine tête ; le second fut transpercé de part en part par l’épée qui sifflait en dansant dans les airs ; le troisième eut la mâchoire déboîtée par un coup de poing phénoménal, les deux autres reculaient en brandissant leurs épées comme des boucliers.

Matt était aveuglé par la colère.

Chaque fois qu’il se battait face à des Cyniks, il éprouvait la même rage. Ils le contraignaient à cette violence en refusant d’être pacifiques et en se dressant contre les Pans. Ils avaient choisi d’être des ennemis plutôt que des alliés.

Chaque fois que l’acier qui prolongeait son bras pénétrait des tissus humains, il savait que le souvenir de ce geste hanterait ces nuits à venir, que tout le sang répandu viendrait se déverser sur sa conscience. Et cela le rendait ivre de rage.

Il ne pouvait se montrer hésitant, frapper doucement. Il l’avait appris à ses dépens : l’affrontement ne pouvait qu’être entier. Il fallait s’engager totalement pour triompher, sans demi-mesure. Et répandre le sang.

Ils l’obligeaient à cela.

Parce qu’il n’existait aucune autre solution alternative.

L’adolescent ne vit pas les deux Cyniks qui l’avaient contourné avec des gourdins et des poignards. Leurs armes se levèrent et soudain un rugissement féroce couvrit les gémissements des blessés tandis que Plume bondissait sur le dos des assaillants. En deux coups de gueule elle leur brisa les bras.

Matt et Plume se retournèrent vers la forêt pour fuir lorsqu’ils avisèrent dix soldats qui venaient d’accourir de la cité, essoufflés et surpris par un tel champ de bataille.

— C’est le gamin qui a fait ça ? lâcha un des Cyniks, estomaqué.

— Qu’est-ce qui te prend, garçon ? s’écria celui qui semblait commander le groupe. Tu n’as pas fait tout cela pour cet animal quand même !

— Otez-vous de mon chemin ! ordonna Matt.

— Ne sois pas idiot, tu n’as aucune chance, tu ne vas pas périr pour une bête !

Trois Cyniks foncèrent sur lui avant qu’il puisse répondre. Matt cueillit le premier par la pointe de sa lame, en lui tranchant la joue. Il pivota sur lui-même pour donner plus d’élan à son arme et entailla le deuxième au niveau des épaules tandis que le troisième arrivait si vite que Matt ne put tourner l’épée pour présenter le fil de la lame au moment du contact, mais il cogna si dur avec le plat qu’il entendit les os du crâne se briser.

Le Cynik tomba à la renverse raide comme une planche.

Plus d’une douzaine d’hommes gisaient à ses pieds, certains morts, d’autres agonisants.

Néanmoins ils s’entêtaient, épuisant le garçon coups après coups. Plume en renversa son lot, elle mordit et griffa tout ce qui approchait.

Soudain la chienne fut éperonnée par une lance qui lui enfonça les flancs. Le cri de la chienne blessée décupla les forces de Matt qui écrasa son adversaire comme une mouche.

Il se mit à courir pour secourir sa chienne qui tentait d’arracher la lance.

Il ne remarqua pas les deux cavaliers qui jaillirent avec un grand filet.

Matt pulvérisa le casque du Cynik qui lui barrait le passage et allait prendre la défense de Plume quand le filet lui tomba dessus en le déséquilibrant.

Il roula et perdit sa lame dans la chute pendant que les mailles s’entortillaient autour de ses membres. Au moment de se relever il perdit à nouveau l’équilibre et poussa un cri de désespoir en saisissant le filet pour le déchirer à mains nues.

Le chanvre craqua sous les regards éberlués des soldats.

Un officier se jeta sur Matt et commença à le rouer de coups avec son gourdin. Matt répliqua d’un direct du droit et les dents se brisèrent.

Un autre guerrier accourut, puis un autre. Ils furent bientôt huit à l’éreinter à coups de bâton.

Après trente secondes, le garçon, recroquevillé sur lui-même, ne bougeait plus.

Inconscient.

La chienne gémissait, prisonnière d’un autre filet.

L’un des gardes se pencha pour ausculter Matt et s’esclaffa :

— Je crois bien qu’on l’a eu ce fumier ! Il est mort !

Il cracha par terre, l’air satisfait.

Puis il vit les corps de ses camarades mutilés et perdit son sourire.

Près d’une vingtaine des siens étaient tombés sous les coups de ce gamin.

Autre-monde 2 - Malronce
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